Aux confins de la Suisse et de l’Italie, deux montagnes nous content une histoire mythique. Leur ardeur à s’unir à l’aube des temps pour gagner en puissance et en majesté. Leur volonté farouche d’incarner la grandeur au cœur d’un royaume où tout n’est que beauté. Je vous présente ici Castor et Pollux, les jumeaux célestes des Alpes valaisannes.
Castor et Pollux : Histoire légendaire des Jumeaux des Alpes
Les montagnes jumelles ont été baptisées en l’honneur des fils d’une figure mythique. Épouse de Tyndare, célèbre roi de Sparte, Léda donne naissance à Castor et Pollux, deux frères de légende appelés les Dioscures. Ils s’affranchissent alors de la mythologie grecque pour marquer de leur sceau les hauts sommets des Alpes.
À la frontière du Valais et de la Vallée d’Aoste, Castor et Pollux s’entourent de géants. Sous le regard bienveillant du Breithorn et du Liskamm, les Jumeaux se hissent à plus de 4000 m d’altitude. Le Pollux, à l’ouest, culmine à 4087 m, tandis que le Castor, à l’est, s’élève à 4223 m d’altitude. Les colosses se parent d’une armure de glace pour affronter le ciel et régner sur un monde de neiges éternelles. Car, tout autour d’eux, les glaciers ruissellent jusqu’aux vallées. Au nord, le Schwärzegletscher et le Zwillingsgletscher rejoignent le Gornergletscher qui abreuve Zermatt et sa vallée. Au sud, les glaciers de Véraz alimentent en eau le val de Véraz, dans les Alpes italiennes. À jamais reliés par le Zwillingsjoch, Castor et Pollux font retentir l’écho d’un royaume divin aux portes du ciel. Et d’une crête à l’autre, leur blancheur éclatante illumine les Alpes.
Castor et Pollux : Ascensions au sommet des Alpes valaisannes
La traversée des Jumeaux du Valais est accessible à tout alpiniste expérimenté. Mais, cette course, bien que classique, n’en est pas moins une aventure. En haute montagne, la splendeur côtoie les pires dangers. Quand le temps change, que les vents se lèvent sur les glaciers, il devient difficile de s’orienter et de trouver la voie qui mène aux sommets. Et quand la chaleur du soleil d’été fait fondre la neige en altitude, la glace révèle ses crevasses béantes et sans merci. Alors, l’homme doit rester sur ses gardes, être à l’écoute de la nature et ne jamais céder au péché d’orgueil. Alors seulement, la montagne lui ouvre ses flancs enneigés et ses crêtes rocheuses.
C’est ainsi que le 23 août 1861, W. Mathews et F.W. Jacomb réussissent l’exploit d’être les premiers à gravir le Castor aux côtés de leur guide, Michel Croz. La cordée traverse le Felikgletscher jusqu’au Felikjoch. Elle franchit ensuite l’arête sud-est du Castor jusqu’à son sommet. Puis, en 1911, C. Fortina et A. Welf réalisent cette fois la première ascension du mont Castor par son arête sud-ouest.
Le 1e août 1864, Jules Jacot, Josef-Marie Perren et leur guide Peter Taugwalder réalisent à leur tour la première ascension du Pollux. Ils partent du Schwarztor et rejoignent le sommet de la montagne par son arête sud-ouest. Quelques années plus tard, le 18 août 1910, son arête nord est conquise par John Percy Farrar, R. Wylie Lloyd et leur guide Josef Pollinger. L’équipe franchit ainsi la voie la plus spectaculaire menant à la cime du Pollux.
Les monts Castor et Pollux sont aussi le théâtre de prouesses hivernales. En mars 1913, Alfred von Martin et Karl Planck effectuent la première descente à ski des Jumeaux valaisans. Et depuis ce jour, les montagnes ne cessent d’être parcourues par des randonneurs en quête d’aventure et de dépaysement.
Castor et Pollux, divinités surgies de notre imaginaire, nourrissent le prestige des Alpes valaisannes. Ces jumeaux célestes font la renommée des vallées d’Aoste et de Zermatt. Et quand l’hiver approche, je sens monter en moi l’envie irrépressible de les photographier. Comme le témoignage des Alpes millénaires, comme un vibrant hommage à la haute montagne.