Fine Alpine Art
Rencontres au Sommet

Richard Lehner Gardien de la Cabane du Mont Rose

Ecrit par Thomas Crauwels
Alpiniste devant un sommet au Pérou

Gardien de la cabane du mont Rose, guide et sauveteur, Richard Lehner consacre sa vie à la haute montagne. Faisant découvrir aux voyageurs les plus belles cimes du monde, secourant les plus aventureux de leurs pièges funestes, il se nourrit de l’air des hauteurs. Riche de la force que lui prodigue la montagne, son cœur vibre de se sentir utile. Rencontre avec un homme d’exception, amoureux des Alpes et fervent défenseur de la vie.

Richard Lehner, nouveau gardien de la cabane du mont Rose | À Zermatt, dans les Alpes suisses

Parlez-nous, pour commencer, de la cabane du mont Rose. Que représente-t-elle pour vous ?

La cabane du mont Rose est entrée dans ma vie il y a bien longtemps. Lorsque j’étais guide à temps plein, j’y séjournais avant de partir à la rencontre des montagnes légendaires qui l’entourent. J’ai connu l’ancienne cabane et son gardien, qui y a travaillé pendant plus de 20 ans. C’était un vieux refuge de pierre qui respirait le bois et la chaleur des hommes. Mais, depuis 2009, la cabane Monte Rosa a fait peau neuve. Tout y a été pensé pour que les visiteurs s’y sentent bien. Son architecture novatrice, son aménagement intérieur moderne et confortable. Les chambres sont spacieuses et laissent à chacun la possibilité d’avoir son propre espace. Sur le plan énergétique, le refuge est autonome à 95 %. Il produit sa propre électricité et il est toujours chauffé. La cabane est dotée de douches, l’eau y est recyclée et des citernes assurent un approvisionnement permanent en eau. Pouvoir profiter d’un tel luxe en haute montagne est une véritable chance. La Monte Rosa Hütte est ouverte aux visiteurs de la mi-mars à la mi-mai pour les skieurs. Nous accueillons ensuite randonneurs et alpinistes du mois de juin à la fin septembre.

Pourquoi avoir choisi de devenir le gardien de la cabane Monte Rosa ?

Ma femme et moi étions les gardiens de la cabane Gandegg, qui se situe à 3030 m d’altitude, sous le téléphérique menant au Petit Cervin. Kilian Emmenegger était notre employé. Le refuge était ouvert toute l’année, l’hiver pour les skieurs et l’été pour les alpinistes. Gérer la vie d’une cabane l’hiver à cette altitude était une mission très difficile. Nous n’avions ni eau ni électricité. Alors, après 6 années passées là-haut, ma femme et moi avons décidé de laisser notre place pour redescendre dans la vallée. Nous avons repris l’hôtel BaseCamp à Zermatt. Et, lorsque Kilian et moi avons appris que le poste de gardien de la cabane du mont Rose était vacant, nous avons tous deux postulé pour reprendre le flambeau. Depuis 2019, nous sommes donc les gardiens en titre de ce refuge alpin incroyable.

Vivre au contact des montagnes et des glaciers, respirer l’air des hauteurs et profiter chaque jour de la beauté des Alpes, tout cela me rend heureux. J’aime aussi les liens que je tisse avec les visiteurs. À leurs côtés, je me sens utile et c’est très gratifiant. Quel bonheur de partager avec eux une même passion pour la haute montagne !

Comment la gestion du BaseCamp, votre hôtel à Zermatt, s’articule-t-elle avec votre activité de gardien de refuge ?

Ma femme et moi avons repris l’hôtel BaseCamp qui accueille tout au long de l’année des amoureux de la montagne. Ma femme y travaille à plein temps tandis que je navigue entre la vallée et le mont Rose. Quand je reste trop longtemps à Zermatt, je finis par étouffer. J’ai besoin de la sérénité des grands espaces. J’ai besoin de sentir le vent sur mon visage, de contempler la danse des nuages, d’admirer le soleil couchant se refléter sur les sommets. J’ai besoin de me sentir ancré dans la nature comme au cœur de la vie. Là-haut, perché entre terre et ciel, un autre monde s’ouvre à moi. Authentique et grandiose. Et les personnes qui se rendent à la cabane du mont Rose partagent les mêmes valeurs et les mêmes idéaux que moi. L’amour de la nature et de la haute montagne et le goût du sport au grand air.

La Monte Rosa Hütte | Mise en lumière de la splendeur du Valais à près de 3000 mètres au-dessus de Zermatt

Le chemin qui relie désormais la cabane du mont Rose au Gornergrat offre une vue magnifique sur les montagnes et leurs glaciers. Pouvez-vous nous en dire plus sur sa mise en œuvre ?

Les plus beaux glaciers des Alpes souffrent intensément du réchauffement climatique. Chaque année, ils fondent davantage et le niveau du Gornergletscher a énormément baissé depuis la construction de la première cabane du mont Rose. Y accéder pour rejoindre le Gornergrat devenait de plus en plus difficile. Nous avons donc décidé de créer un nouveau chemin d’accès au refuge avec l’aide de la Protection civile. L’ancienne voie est toujours ouverte, mais désormais peu accessible au grand public. Je suis très fier de ce que nous avons accompli. Le nouveau chemin offre une vue panoramique exceptionnelle sur les Alpes suisses. Il surplombe le Gornergletscher, le Grenzgletscher et le Monte Rosagletscher. Il est magnifique, sans doute l’un des plus beaux chemins menant à un refuge. Lorsqu’ils descendent du train du Gornergrat à la station Rotenboden, les visiteurs l’empruntent jusqu’à la cabane. Pendant les 4 heures que dure leur envolée, ils peuvent contempler la splendeur des glaciers, sous l’œil magistral des plus célèbres sommets de plus de 4000 mètres d’altitude des Alpes suisses.

Le chemin est devenu en lui-même une destination. 80 % de nos visiteurs sont des randonneurs qui arpentent la montagne pour la beauté de ses paysages. Après avoir admiré ce panorama unique, ils passent une soirée conviviale au refuge, entre amis ou en famille. Le lendemain, ils redescendent vers Zermatt par le train en empruntant à nouveau le chemin ou décident de traverser le Gornergletscher jusqu’à Furi. Environ 20 % de nos visiteurs sont, quant à eux, des alpinistes qui rejoignent la Monte Rosa Hütte pour gravir le lendemain l’un des géants qui l’entourent. La Pointe Dufour, le Nordend ou le Lyskamm par exemple. Ils se lèvent tôt, vers 2 ou 3 heures du matin, et s’engagent sur l’une des voies qui les mèneront plusieurs heures plus tard à plus de 4000 mètres d’altitude à la cime des montagnes du Valais, à la frontière entre la Suisse et l’Italie. Un voyage à couper le souffle !

Cette nouvelle voie d’accès à la cabane du mont Rose participe à la mettre en valeur. Le refuge présente-t-il d’autres nouveautés depuis que vous en êtes le gardien ?

Le refuge était presque neuf lorsque Kilian et moi y sommes entrés. Pour la première fois cette année, nous avons dû renouveler les panneaux solaires et les batteries qui alimentent la cabane. Dans un lieu comme celui-ci, il y a toujours quelque chose à faire. On ne s’ennuie jamais ! Le métier de gardien exige d’être disponible et polyvalent.

Kilian et moi gérons une équipe de 6 à 8 employés. Le cuisinier et le sous-cuisinier mettent tout en œuvre pour proposer les meilleurs repas possibles à nos visiteurs. Nous travaillons avec des produits frais et, chaque soir, 4 plats figurent au menu. Nous veillons aussi à la qualité des vins présentés à la carte. Comme guide, j’ai fréquenté de nombreux refuges de haute montagne, et je peux vous dire qu’à la cabane du mont Rose, on mange bien !

Le service, l’accueil et le ménage dans les chambres sont assurés par 3 ou 4 employées. La cabane du mont Rose peut accueillir jusqu’à 120 personnes et ce n’est pas de tout repos ! En été, notre équipe est sur le pont presque 24 h / 24. Nos derniers clients se couchent vers 23 heures quand les premiers se lèvent à 2 heures du matin. Le cœur de la cabane ne cesse jamais de battre !

Nous avons par ailleurs installé une webcam sur les hauteurs de la cabane. Elle filme à 360° et les images sont diffusées en direct sur internet. Cet outil extraordinaire permet à tous ceux qui le souhaitent de découvrir la beauté des paysages qui entourent la cabane Monte Rosa. Nous pouvons ainsi vérifier à tout moment que le refuge se porte bien. Et vous pouvez consulter la vidéo pour préparer une ascension, surveiller l’évolution des conditions météorologiques au sommet du Mont-Rose, ou simplement pour profiter de la splendeur du panorama qui vous est offert. À la vue de ce spectacle éblouissant, vous n’aurez plus qu’une envie, celle de nous rejoindre tout là-haut, à la rencontre des montagnes du Valais et de leurs merveilleux glaciers.

Voir la webcam de la cabane

La cabane du mont Rose | Souvenirs d’un gardien entre cimes et glaciers

Quel souvenir marquant pouvez-vous nous raconter de votre vie dans la cabane du mont Rose ?

Mon quotidien au refuge est rythmé par le flux des clients et la cadence de notre équipe. Nous vivons ensemble jour et nuit. J’aime la chaleur de cet esprit de groupe. Et j’aime par-dessus tout me sentir proche de nos visiteurs. Je les accueille, je leur fournis des renseignements sur la course qu’ils souhaitent effectuer le lendemain, je les informe de l’évolution des conditions météorologiques en altitude. J’aime les aider, partager avec eux ce moment particulier, faire que leur séjour soit le plus enrichissant possible.

Malgré notre bonne volonté, il y a malheureusement toujours des personnes qui ne prennent pas en compte nos conseils. Je me souviens par exemple de cette femme russe arrivée un jour à la cabane vêtue de baskets et d’un pantacourt. Elle souhaitait se rendre en Italie mais, pour cela, il lui fallait franchir un glacier. La traversée était complexe et dangereuse. Nous l’avons tous prévenue des dangers qu’elle encourait à s’y rendre seule et sans équipement. Mais, elle est tout de même partie. Arrivée sur le glacier, elle a croisé un guide qui l’a de nouveau alertée des risques qu’elle prenait à poursuivre son ascension dans ces conditions. Mais, elle a continué en faisant la sourde oreille.

Deux jours plus tard, des alpinistes qui grimpaient à la cabane Margherita ont sonné l’alarme après avoir entendu des appels au secours provenant d’une crevasse. Un hélicoptère est venu me chercher et, avec un collègue sauveteur, je me suis rendu sur place. Nous sommes descendus au fond de la crevasse et qu’y avons-nous découvert ? Cette femme, coincée au cœur de la glace depuis deux nuits déjà ! Une vraie miraculée. Sa température corporelle n’était plus que de 28 °C. Elle a eu beaucoup de chance que ses cris soient entendus car elle n’aurait certainement pas survécu à une troisième nuit dehors. Lorsque nous l’avons remontée à la surface, ses premiers mots ont été : « Pouvez-vous m’emmener en Italie ? » À défaut de réaliser son rêve, nous l’avons conduite à l’hôpital ! Elle était heureuse que nous l’ayons sauvée, bien sûr, mais cela lui paraissait normal. Je ne pense pas qu’elle ait vraiment pris conscience de la gravité de la situation dans laquelle elle s’était mise. Les dangers de la montagne sont réels et se lancer dans une telle traversée sans guide ni équipement approprié relève de la folie.

Richard Lehner | Guide de haute montagne et sauveteur de l’extrême

Vous êtes également guide de haute montagne et sauveteur. Quelle place occupent ces activités dans votre quotidien ?

Trois skieurs descendant un champ de poudreuse
Heliski au Gabelhorn avec Richard Lehner

Avant d’être gardien de cabane, j’étais guide et sauveteur à temps plein. Quand la saison se terminait dans les Alpes, j’accompagnais mes clients au Népal, en Inde, en Russie ou ailleurs. Mais, ces voyages dans le monde entier étaient difficilement compatibles avec une vie de famille. Après 20 ans d’activité, j’ai donc ressenti le besoin de me poser un peu. J’aspirais à une autre vie sans pour autant m’éloigner des montagnes. C’est pour cela que je suis devenu gardien de la cabane Gandegg. Je pouvais enfin profiter de ma femme et de mes enfants tous les jours, et c’était un vrai bonheur !

Mais, lorsque la vocation de guide coule dans vos veines, vous le restez pour toujours. Faire découvrir à mes clients la majesté des Alpes, leur dévoiler la magie de points de vue insoupçonnés, leurs cimes vertigineuses et l’immensité de leurs glaciers. C’est ce qui donne un sens à ma vie et ça ne changera pas.

Et, même si j’interviens de moins en moins comme guide, je reste sauveteur de haute montagne. J’aide à sauver des vies depuis que je suis jeune et encore aujourd’hui, quand les secours sont alertés, un hélicoptère monte me chercher à la cabane du mont Rose, ou je me rends à l’héliport quand je me trouve à Zermatt. Je prends part aux sauvetages techniques, en cas d’avalanche ou de chute dans une crevasse par exemple. Nous évacuons les personnes en difficulté bloquées en haute montagne et cela représente environ 220 sauvetages par an.

Richard Lehner lors d’un treuillage en hélicoptère (©Menno Boermans)

Le 8 mars 2011, vous avez reçu à Washington D.C. l’Award de l’Héroïsme pour avoir effectué sur l’Annapurna le sauvetage le plus haut jamais réalisé en hélicoptère. Pouvez-vous nous raconter cet épisode marquant de votre parcours ?

En avril 2010, Daniel Aufdenblatten et moi-même nous trouvions au Népal pour diriger une formation de sauvetage destinée aux pilotes et Sherpas quand, tout à coup, l’alerte a été donnée. Un groupe d’alpinistes espagnols se trouvait en difficulté sur l’Annapurna, à 7000 mètres d’altitude. Nous ne savions pas s’il était possible de mener à bien un sauvetage à une telle altitude. Mais, nous avions le matériel et l’expérience. Alors, nous y sommes allés. Nous avons tenté notre chance même si l’espoir de sauver ces personnes était faible. Difficile d’imaginer pouvoir survoler la zone en hélicoptère, car la pression de l’air à si haute altitude y était insuffisante. Assistés d’un Sherpa et d’un pilote népalais, nous avons tenté différentes approches et, après plusieurs essais, nous sommes parvenus à nous rapprocher des victimes. Alors, suspendu dans le vide et sans oxygène, je les ai rejointes. Je respirais avec difficulté et le temps m’était compté. Mais, j’ai réussi à remplir ma mission. Les victimes ont été héliportées jusqu’au camp de base puis emmenées à l’hôpital de Katmandou. L’opération s’est révélée très difficile, mais l’équipe de sauvetage de Zermatt a prouvé, ce jour-là, qu’un sauvetage à une telle altitude était possible s’il était mené par des hommes d’expérience munis du matériel approprié. Je suis fier de l’exploit que nous avons accompli, qui met en lumière le savoir-faire des sauveteurs de Zermatt. Mais, surtout, je suis très heureux d’avoir pu sauver la vie de ces alpinistes.

Richard Lehner lors du sauvetage au Népal

Richard Lehner | Une vie dédiée à la haute montagne et à la grandeur des Alpes suisses

Vous consacrez votre vie à la haute montagne. Mais, comment définiriez-vous le lien qui vous unit à elle ?

La haute montagne insuffle en moi une véritable force. Quand le matin je me lève et que je regarde au-dehors les sommets qui entourent la cabane du mont Rose, leur magnificence me fait prendre conscience du sens profond de la vie. L’homme est si petit face à ces géants de roche alors qu’il se croit si important dans le monde d’en bas ! La montagne nous remet à notre juste place. Si près du ciel et face aux éléments, l’homme est à nouveau soumis à la nature. Il réalise l’importance de la vie et relativise sa propre vanité. Je puise ma force dans celle des montagnes. Ce sont elles qui me guident, elles qui me nourrissent. Ce sont elles qui me sauvent et font de moi l’homme que je suis. C’est une sensation difficile à expliquer. Il faut l’éprouver pour la comprendre. Et la meilleure façon pour sentir le pouls de la montagne battre en soi est de s’y confronter. De venir à sa rencontre et de s’en imprégner.

Pouvez-vous nous raconter votre plus beau souvenir en haute montagne ?

Je repense immédiatement à ce jour inoubliable où j’ai gravi pour la première fois le Cervin avec mes enfants. Mes fils ont aujourd’hui 17 et 18 ans et ils sont très sportifs. Nous partageons beaucoup de choses ensemble. Mais, cette ascension avait un goût tout particulier. J’ai été très touché par ce moment et j’y repense toujours avec beaucoup d’émotion. Ce jour-là, j’ai partagé avec eux ce qui compte le plus à mes yeux. Je me suis senti en communion avec mes fils comme avec la montagne. Ils sont ce que j’ai de plus précieux. La vie m’a offert un moment exceptionnel, un cadeau fabuleux. Et je ne l’en remercierai jamais assez.

En tant que guide de haute montagne, j’ai gravi plus de 250 fois le mont Cervin. Faire découvrir à mes clients cette montagne unique donnait un sens à ma vie. Dans la famille, nous sommes guides de génération en génération. Mon grand-père l’était, mon père aussi. Il est monté plus de 600 fois au sommet du Cervin. Quand on habite à Zermatt, cette montagne imposante et si belle fait partie de notre vie, de notre famille. Elle occupe une place particulière dans le cœur des Suisses. Alors, je suis heureux qu’elle fasse désormais partie de l’histoire de mes fils. Mes enfants commencent à évoquer l’idée de devenir guides à leur tour. Mais, le métier de guide est une vocation. Ils doivent ressentir au fond d’eux cette passion pour choisir de s’y engager. Et s’ils souhaitent vraiment mener la vie de guide, je les soutiendrai de tout mon cœur.

Sur le sommet du Cervin (©Menno Boermans)

Mes plus beaux souvenirs en haute montagne se déroulent aussi à skis. Dès que la neige s’y prête, je chausse mes skis, c’est plus fort que moi ! J’aime la sensation de ce corps à corps avec les sommets. Une belle pente, une neige poudreuse, un coucher de soleil et je pars skier. Sous les lueurs flamboyantes des montagnes blanchies, je vis un instant magique. Je suis au paradis !

Et puis, bien sûr, je ne peux évoquer mes souvenirs heureux sans parler de mes missions de sauvetage. Lorsque tu sais que tu as sauvé une vie, que sans ton intervention des personnes auraient trouvé la mort, tu ne peux qu’être comblé. C’est un cadeau inestimable, une joie immense. Sauver des vies donne un sens à la mienne. Et peu importe si les victimes ne se rendent pas compte du danger auquel elles ont réchappé, peu importe si elles ne réalisent pas la gravité de la situation dans laquelle elles se trouvaient. Nous, sauveteurs, nous sommes présents. Nous savons ce que nous avons fait, et c’est le principal.

Pour conclure notre entretien, en quoi diriez-vous que votre activité participe à la valorisation des Alpes et de la haute montagne ?

Alpiniste au sommet du Cervin dos au coucher de soleil
Lever de soleil sur le sommet du Cervin (©Menno Boermans)

Gardiens de refuge et guides de haute montagne font découvrir au monde la beauté exceptionnelle des montagnes et la force infinie de la nature. Que nos interlocuteurs soient des randonneurs novices ou des alpinistes expérimentés, nous leur révélons quelque chose d’unique et de précieux. Nous les aidons à changer le regard qu’ils portent sur le monde qui les entoure et sur la nature. Nous partageons avec eux des valeurs puissantes. Nous les accompagnons aussi dans la concrétisation de leurs rêves. Réaliser l’ascension d’un sommet, certains y pensent depuis de nombreuses années. Ils s’y préparent, ils attendent ce moment avec fébrilité. Et nous, gardiens, guides et sauveteurs, nous leur permettons de mener à bien ce projet incroyable. Nous avons une chance inestimable de pouvoir vivre tout cela à leurs côtés. C’est ce qui me nourrit et donne un sens à ma vie. La haute montagne vous marque à jamais et, de retour dans la vallée, ils resteront riches de la grandeur des Alpes.

Richard Lehner poursuit sa mission à la cime des Alpes, avec l’envie profonde de nous faire aimer ce royaume de glace qui le fait vibrer. Gardien de la cabane du mont Rose, guide de haute montagne et sauveteur de l’extrême, il mène sa vie porté par les vents et par l’éclat des hauts sommets, à la lumière des cœurs riants et des regards apaisés. Et si d’aventure vous lui rendez visite à la Monte Rosa Hütte ou à l’hôtel BaseCamp de Zermatt, vous y découvrirez mes œuvres. Elles y sont régulièrement exposées. Unis par la même ferveur, la montagne nous relie, pour mon plus grand bonheur.

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