Portrait de l’Aiguille du Midi, au cœur du massif du Mont-Blanc, en France. Un sommet mondialement connu qui, grâce à la remontée mécanique dont il est paré, permet à chacun de franchir en quelques minutes les portes du royaume envoûtant de la haute montagne. Transportés à 3842 mètres d’altitude, un nouveau monde s’offre aisément à tous, quelle que soit sa condition physique et au-delà des volontés du ciel.
Nous sommes ici en fin de journée, juste après la tempête. Le calme est revenu, la montagne s’apaise. L’Aiguille du Midi émerge tout juste du brouillard, encore engourdie par les assauts du vent. Deux à trois fois par an, la magie opère. Lorsque les conditions sont réunies, lorsque la température, la neige et le vent entrent en symbiose, l’Aiguille paraît tout à coup enrobée d’un fabuleux plâtrage. Un miracle dont la nature seule a le secret. L’image est à chaque fois unique, variant à chaque épisode de précipitations. Je tente depuis des années de percer le mystère de ce phénomène, mais il demeure, encore et toujours. Aussi éphémère et impénétrable que les plus précieux chefs-d’œuvre créés par la nature.
L’Aiguille du Midi s’élève donc avec majesté, transperçant vigoureusement le ciel et le brouillard. Au second plan, donnant de la profondeur au cliché, les Grandes Jorasses jaillissent d’une mer de nuages telles une muraille étincelante. En compagnie du dôme de Rochefort et du mont Mallet, elles offrent leur face fraîchement enneigée à la douceur des premiers rayons de soleil.