Au cœur du val d’Anniviers, le Besso s’élève, fier et solitaire, comme une sentinelle veillant sur Zinal. Son double sommet, reconnaissable entre tous, perce les nuages de ce début d’été. Mais cette fois, la montagne arbore encore sa parure hivernale : un manteau de neige fraîche qui adoucit ses arêtes et illumine sa face.

Depuis le village, le regard se perd sur cette pyramide puissante. La lumière, filtrée par la brume, caresse les flancs du Besso et révèle la texture de sa roche sombre, constellée de plaques immaculées. Les nuées s’accrochent encore aux pentes inférieures, comme pour retarder l’instant où la montagne se livrera pleinement. Dans ce décor silencieux, le temps semble suspendu.

J’aime photographier le Besso pour sa présence unique. Ce sommet n’a pas besoin de rivaliser avec les géants voisins pour imposer son caractère. Il domine son domaine avec discrétion, mais aussi avec une force tranquille qui force le respect. Ce jour-là, les contrastes entre la neige et la pierre, entre l’ombre et la lumière, composaient un tableau d’une intensité rare.

Le début de l’été en altitude est un moment particulier : la neige résiduelle rencontre la roche devenant nue, et la montagne hésite encore entre deux saisons. Le Besso, lui, semble figé dans cet entre-deux, offrant au regard une vision à la fois hivernale et estivale.

Ce portrait est un hommage à cette transition, à cette beauté éphémère qui ne se répète jamais de la même façon. C’est aussi un témoignage du lien profond qui unit Zinal à son sommet emblématique.