Colosse des Alpes valaisannes, le Bishorn dévoile ici sa face la plus redoutable – la face nord-est. Culminant à 4153 mètres d'altitude, cette montagne nous révèle sa véritable nature : loin de l'image du " 4000 facile " comme certains la surnomment, elle se dresse ici comme un titan terrifiant, bardé de séracs et de couloirs vertigineux.

J'ai saisi cette vision exceptionnelle au lendemain d'une tempête hivernale. La neige fraîche vient d'immaculer chaque relief, chaque arête, révélant la géométrie complexe de cette architecture naturelle. Au centre de cette composition se dresse la Pointe Burnaby, sommet non officiel, mais qui culmine néanmoins à 4135 mètres d'altitude. Cette pointe masque partiellement le véritable sommet du Bishorn qui apparaît sur sa droite, créant un jeu de perspective saisissant.

J'aime cette dualité qui émane de l'image – d'un côté, sur la droite, la voie normale depuis Tracuit dessine ses pentes relativement clémentes. De l'autre, cette face nord-est qui révèle un monde parallèle, un univers de vertige où les séracs suspendus menacent de s'effondrer à tout moment. Cette dichotomie illustre la complexité de la haute montagne, où chaque sommet recèle mille personnalités selon l'angle d'approche.

À travers cette œuvre en noir et blanc, j'ai voulu transmettre cette grandeur inaccessible, cette immensité qui saisit l'âme face à de telles masses minérales. Le Bishorn révèle ici son vrai visage – non pas celui du géant débonnaire que gravissent les alpinistes débutants, mais celui du monstre glaciaire qui impose le respect et l'humilité face aux forces titanesques qui ont façonné nos Alpes.