à propos de l'œuvre

Cette photographie nous plonge au cœur du Valais, dans la région de Zermatt. Le Breithorn, l’un des monts les plus célèbres des Alpes, se dresse fièrement à la frontière entre la Suisse et l’Italie. Grâce aux remontées mécaniques installées à proximité, sur le Petit Cervin, il est le sommet alpin de 4000 mètres d’altitude le plus facile à gravir. Au second plan, les deux pics du Liskamm semblent toucher le ciel. En arrière-plan de l’image, les hauts sommets du massif du Mont-Rose apportent de la profondeur au tableau.

J’ai réalisé cette œuvre envoûtante au lever du jour. La montagne se réveille parée de blanc après le passage de plus en plus rare d’une tempête de neige estivale. Les nuages se déchirent pour mieux la mettre en valeur. Alors que de nombreux pas foulent chaque jour le Breithorn, je souhaitais en immortaliser la pureté. Immaculé et sauvage, il apparaît ici dans toute sa puissance.

J’aime cette œuvre pour les sensations qu’elle procure. Sa tonalité grise et argentée, assez différente des noirs et blancs présents habituellement dans mes photographies, met à l’honneur la brillance de la neige encore fraîche. La succession des arêtes dessinant les sommets apporte de la profondeur à ce panorama grandiose qui semble nous mener vers l’infini. La haute montagne apparaît mystérieuse, au-delà du monde. Elle respire à travers l’œuvre. Le tableau semble vivant, l’incarnation d’une nature majestueuse et inaccessible que l’on croirait presque irréelle. Les nombreux détails de la calotte glacière du Breithorn le rendent pourtant à la réalité.

J’ai la chance d’avoir pu effectuer la traversée des Breithorn avec mon ami et guide de haute montagne, Vivian Bruchez. Depuis cette prise de vue, réalisée en 2020, ce mont légendaire a énormément changé. Une gigantesque crevasse s’est ouverte au cœur de son glacier. Les rochers font désormais leur apparition le long de la voie d’ascension menant à son sommet. À cause du dérèglement climatique, la haute montagne avec laquelle nous avons grandi s’efface peu à peu. Lorsque l’on admire le Breithorn depuis Zermatt, on se répète que sa calotte glacière est éternelle, qu’elle ne peut disparaître. Malheureusement, la réalité est tout autre. C’est la raison pour laquelle je mets toute mon énergie à capturer la splendeur des Alpes dans mon art. Afin de transmettre un héritage aux générations futures, de leur offrir la possibilité de découvrir la haute montagne telle que nous l’avons connue. À travers mes photographies, j’écris les mémoires d’une nature qui n’a d’autre moyen pour s’exprimer que de nous dévoiler sa si fragile beauté.