Nous sommes en plein hiver. Le Cervin se réveille. Du haut de ses 4 478 mètres d’altitude, le Roi des Alpes se pare d’un manteau neuf. La neige, déposée par les vents de la nuit, enveloppe sa face est d’un éclat d’argent. En cette saison, la face nord demeure constamment dans l’ombre.

J’ai toujours aimé ces instants où la lumière se fait rare, presque timide. Elle ne domine pas la montagne, elle la révèle. Ici, elle effleure les reliefs, glisse sur les arêtes, caresse la roche comme un pinceau sur une toile. Le Cervin, majestueux, s’offre à nous dans un nouvel éclat, entre douceur et puissance. Face à nous, l’arête du Hörnli — voie historique de la première ascension par Edward Whymper en 1865 — se dessine. Elle guide notre regard vers le sommet, là où les nuages s'accrochent encore. La montagne semble respirer.

J’ai réalisé cette photographie au cœur de l’hiver, lorsque la tempête s'éloignait enfin. En quelques minutes, la lumière a changé, le Cervin s’est métamorphosé. Et dans ce bref éclat d’argent, j’ai vu la montagne telle qu’elle est : éternelle et insaisissable.

Roi des Alpes, joyau du Valais, diamant éternel, le Cervin impose ici son charisme légendaire. Pyramide d’absolu, symbole de la Suisse, il demeurera à jamais l'un des plus beaux sommets du monde.