à propos de l'œuvre

Voici un portrait du Cervin (4478m), aussi appelé Matterhorn par nos amis Suisses allemands et les habitants de Zermatt. C'est sans conteste la pyramide la plus connue des Alpes. Joyaux de roc et de glace à cheval entre la Suisse et l'Italie, ce sommet reste gravé dans l'histoire de l'alpinisme mondial depuis sa première ascension réalisée par le fameux Whymper en 1865.

Le Cervin se révèle ici entre ombre et lumière à la suite d'une tempête automnale : sa face Est tout enneigée, balayée par les vents, et largement ensoleillée, s'élève vers les cieux ; sa fameuse face Nord, appartenant à l'éternelle trilogie des Alpes (avec les Grandes Jorasses et l'Eiger) sort des entrailles du sol valaisan. Ce sublime diamant repose sur un socle fragile, le Matterhorngletscher se meurt en contrebas : en attendant les assauts des canicules estivales, il se repose sur cette photographie, recouvert d'un épais manteau de neige couvrant ses plaies.

Tout dans cette montagne est démesuré. Les faces sont massives, acérées ; et l’arête du Hörnli, aussi effilée qu'une lame, déchire comme un éclair la composition. Nous pouvons tout juste apercevoir la cabane du même nom et le minuscule bivouac de Solvay...

Cette photographie met aussi en valeur les autres sommets environnant ce roi des Alpes. Voisin du sommet, la Dent d'Hérens apparaît timidement derrière, bien que dépassant largement les 4000m ; j'aime sa forme imitant dans son orientation le profil du Matterhorn. En arrière-plan, le massif du Mont-Blanc apparaît, étincelant de beauté. Tous les 4000 les plus fameux de Chamonix sont visibles : l'intégrale de Peuterey, le mont Blanc, les Grandes Jorasses... noms de légende. Le massif des Combin entre aussi en scène avec le triptyque Tsessette, Valsorey et Grafeneire. Sans oublier, plus proche de nous, la célèbre Tête de Valpeline (3798m).

Ce Cervin est grandiose, incomparable, le voir une fois, c'est l'avoir pour toujours dans sa mémoire. La photographie me permet de le redécouvrir sous une autre forme, tel le peintre réinventant sans cesse son sujet . Ce portrait lui rend hommage en le restituant dans un paysage alpin onirique. Le spectateur saura apprécier les subtilités des jeux de lumière, les lignes pure des crêtes et arêtes qui ordonnent ce monde minéral. Photographier cette montagne est toujours un véritable défi que j'aime relever à chaque fois que le "clic" de mon objectif résonne dans la vallée de Zermatt : avec cette photographie, le défi était de choisir un angle de vue faisant passer le Matterhorn comme la plus haute montagne des Alpes. Je voulais faire du plus bel albâtre du monde d'en-haut un absolu indépassable.