Aux confins du Valais et du Piémont, la Cima di Jazzi s’élève comme une gardienne de la frontière. Avec ses 3 796 mètres d’altitude, ce sommet des Alpes pennines domine le vaste plateau glaciaire qui relie Zermatt à l’Italie. Malgré son altitude plus modeste que celle des géants qui l’entourent, la Cima di Jazzi occupe une place particulière : elle marque l’une des portes d’entrée du massif du Mont-Rose.

Dans cette photographie en noir et blanc, j’ai voulu capter la sérénité et la grandeur de ce paysage frontalier. Au premier plan, le glacier déroule ses ondulations, vaste drap de glace sillonné de crevasses spectaculaires. Leur profondeur intrigue, leur tracé fascine. Ombres et lumières s’y répondent, sculptant des lignes puissantes qui nous guident jusqu’au sommet.

Tout au fond, la Cima di Jazzi trône, simple et souveraine. Sa silhouette, adoucie par la neige fraîche, se détache sur un ciel sombre qui accentue la blancheur éclatante de la montagne. Elle paraît veiller sur les vallées : au sud, la vallée Anzasca qu’elle domine de ses pentes abruptes ; au nord, le monde de Zermatt, dont elle forme l’arrière-garde.

Je me souviens de l’atmosphère calme et intemporelle de ce moment. Le vent était tombé, le silence régnait sur le plateau glaciaire, seulement troublé par les craquements sourds de la glace. Photographier ce lieu, c’était rendre hommage à une montagne discrète mais essentielle, un sommet chargé de sens et de beauté.

Cette œuvre témoigne de la pureté des frontières naturelles : lignes de neige et de glace qui séparent deux pays mais unissent les hommes dans la contemplation d’un même paysage.