Éblouissant face-à-face avec le massif des Mischabels. Le Dom s’impose, 4 545 mètres, plus haut sommet entièrement suisse. À sa droite, la Lenzspitze dresse sa lame élégante. Depuis Saas-Fee, la forteresse règne, taillée par la glace et le vent.

Je remonte du regard la grande face. La lumière tranche, les ombres se posent. Les pentes se plissent en drapés de neige, les séracs respirent, les arêtes se tendent. Le Dom, massif et souverain, orchestre la scène ; la Lenzspitze répond par une verticalité nerveuse. Entre eux, les glaciers s’écoulent comme une encre pâle, veines d’un organisme vivant.

Je cadre pour un voyage en altitude. Tout se joue à la seconde : un nuage effleure, un rayon sculpte, la montagne se révèle. L’instant existe, simple et total. La haute montagne demeure ici exigeante et belle. Les distances sont immenses, chaque arête est un monde. Pourtant l’œuvre rapproche, relie, raconte. Elle fait apparaître ce royaume d’ombre et de lumière où l’on avance avec humilité. Le Dom incarne la force, la Lenzspitze la finesse ; ensemble, ils dessinent l’âme des Alpes suisses.

Le regard glisse de la base au sommet, franchit l’obscur puis rejoint l’éclat. Dans cette œuvre en noir et blanc, le massif s’anime, et nous élève. Le Dom et la Lenzspitze, maîtres des Mischabels, règnent sur Saas-Fee ; l’instant, lui, devient éternité.