L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau s’élancent de l’Oberland bernois vers des cieux emplis de mystères. Ces trois sommets aux surnoms rêveurs, ici photographiés dans un alignement parfait depuis l’ouest, lors d’un après-midi d’hiver, forment la trilogie de Grindelwald, éternel triptyque alpin auréolé de ses mythes fondateurs…
L’Eiger domine, du haut de ses 3967m de calcaire, l’ensemble de la vallée. Depuis la première ascension de son infernale Nordwand, cet insatiable « ogre », à la funeste réputation, ne cesse de réclamer, décennie après décennie, la vie d’autres alpinistes désireux de s’attaquer à son obscure face.
Le Mönch, avec ses 4110m, est, à cet instant, encore pris dans d’éparses nuées. Celui que l’on surnomme le « moine » porte alors un regard contemplatif sur la Création.
La Jungfrau ou « jeune fille », nom présumément hérité des nonnes d’Interlaken qui avaient jadis dans la région un couvent dédié à la Vierge, est revêtue d’un épais voile blanc : une mer de nuages, signe du mauvais temps passé, drape, pour quelques instants encore, ses flancs enneigés.
Instant éphémère entre ciel vierge et nuage, ombre et lumière…