Tel un sphinx de glace et de roche, le Pigne d'Arolla surgit des brumes matinales, dévoilant sa face nord dans toute sa majesté Sommet emblématique du Val d'Hérens culminant à 3781 mètres d'altitude, cette sentinelle veille sur le village d'Arolla avec une prestance qui n'a d'égale que sa beauté sauvage. Sa face se dresse comme un défi lancé au ciel, une invitation à la contemplation pour les uns, à l'audace pour les autres.

Des années durant, j'ai rêvé de capturer l'essence de ce géant qui fut l'un de mes premiers exploits en altitude. Premier sommet atteint en ski de randonnée, il demeure gravé dans ma mémoire comme l'initiateur d'une passion dévorante. Tandis que quelques intrépides osent affronter sa face nord, je préfère emprunter la voie normale, plus douce et contemplative, qui serpente sur son flanc ouest. C'est là, dans cette approche respectueuse et patiente, que j'ai appris à connaître intimement chaque arête, chaque couloir, chaque secret de cette montagne tutélaire.

À l'aube de ce jour, alors que les premières lueurs caressent les cimes, le Pigne d'Arolla s'éveille dans un ballet de lumière et d'ombre. La brume se dissipe lentement pour révéler la texture sublime de sa face. Chaque strie, chaque nervure de la roche raconte l'histoire millénaire de ce promontoire exceptionnel qui offre, depuis son sommet, l'un des plus beaux panoramas des Alpes. Dans ce portrait en noir et blanc, j'ai voulu saisir l'instant magique où la montagne, entre voiles et dévoilements, révèle sa nature profonde : celle d'un monument éternel qui unit la terre au ciel.