Impressionnante et divine Biancograt, arête la plus belle des Alpes. Passant par le sommet du Pizzo Bianco, elle mène au Piz Bernina, le mont de plus de 4000 mètres le plus à l’est des Alpes suisses. Œuvre représentative de mon art, elle est aussi l’une de mes préférées. Le format panoramique vertical de cette photographie en noir et blanc accentue la grandeur infinie de la célèbre arête.
La Biancograt apparaît entre ombre et lumière. Dans ce portrait, j’ai voulu mettre en valeur l’esthétique de sa forme, de ses courbes. Son parcours sinueux dessinant la montagne pour mieux atteindre le ciel. Cette œuvre porte aussi ma signature : jeu de nuages s’échappant d’un sommet encore fumant après le passage d’une tempête. En arrière-plan, émergeant de la brume, la crête du Piz Bernina se dévoile de manière fantomatique.
Il m’a fallu des années avant de parvenir à réaliser ce cliché. La distance est longue entre l’arête et mon lieu d’habitation. J’ai donc dû, plus que jamais, étudier les conditions météorologiques avant d’effectuer le voyage. J’ai multiplié les essais. Y aller, échouer, revenir pour peut-être un jour réussir. C’est aussi ce jeu de hasard qui me donne l’énergie d’y retourner sans cesse pour tenter de saisir cet instant rare. Le moment magique où la haute montagne se révèle telle que je l’avais imaginée. Pure et majestueuse.
J’ai réalisé cette photographie exceptionnelle à la fin de l’hiver alors que la Biancograt était encore gelée. Avec l’arrivée du printemps, elle deviendra de plus en plus neigeuse. Il est plus agréable d’en effectuer l’ascension lorsqu’elle est recouverte de neige car la glace est parfois trompeuse et plus dangereuse à fouler. Malheureusement, dans 30 ou 40 ans, elle ne sera plus parée ni de neige ni de glace. Le dérèglement climatique aura eu des conséquences irréversibles sur son apparence. La Biancograt est l’un des joyaux les plus précieux des Alpes mais elle est en sursis. Et je mesure la chance que j’ai eu de pouvoir l’immortaliser ainsi.