Pyramide de roche et de glace, le Schreckhorn veille sur son royaume céleste. Culminant à 4 078 mètres d’altitude, il fait partie des montagnes mythiques des Alpes bernoises. Le Schreckhorn domine Grindelwald et attire les regards comme un aimant. Ce jour-là, la tempête se levait. Les nuages s’enroulaient autour du sommet. Sous mes yeux, la montagne s’animait, respirait, rugissait. Le Schreckhorn se mettait à fumer comme un volcan.

Je rêvais depuis des années de photographier le Schreckhorn dans de telles conditions. L’attente était longue, mais la récompense était à la hauteur de mes espérances. Lorsque la montagne a surgi, entourée de nuages furieux, j’ai compris qu’elle se révélait enfin dans toute sa puissance. Rien d’autre n’existait : ni les vallées, ni le monde d’en bas. Seul le Schreckhorn, maître de l’instant, trônait.

J’ai choisi de le représenter seul, sans la présence du Lauteraarhorn. Je voulais lui offrir toute la scène, lui rendre totalement hommage. En noir et blanc, la montagne gagne en intensité. Les contrastes profonds dévoilent la texture de la roche, la force du mouvement des nuages. On croirait voir un monstre s’éveiller, une créature millénaire affrontant les cieux.

Chaque regard porté sur cette œuvre révèle de nouveaux détails. Les volutes de nuages semblent danser, les ombres se déplacent, les lumières renaissent. En grand format, le Schreckhorn prend vie, intemporel et invincible. J'ai conçu ce portrait comme un hommage à l’âme de la montagne. À sa démesure, sa beauté indomptable, son souffle d’éternité.