S’il n’en restait qu’une, serais-tu celle-là ? Immuable muraille naturelle déployant tes bastions à la frontière entre la Suisse et l’Italie. Je vous présente l’une de mes plus belles œuvres. Sur cette photographie panoramique, nous survolons d’un regard mes montagnes préférées : les cinq sommets de plus de 4000 mètres d’altitude composant la fabuleuse couronne impériale de Zinal. Au cœur des Alpes valaisannes, s’élèvent la Dent Blanche, l’Obergabelhorn, le Zinalrothorn, le Weisshorn et, bien sûr, au premier plan, héros du tableau, le majestueux Cervin. J’ai réalisé ce fabuleux portrait par hélicoptère, au-dessus de Cervinia. En arrière-plan, Zermatt repose sous la brume tandis que les Alpes bernoises émergent d’une mer de nuages.
Je ressens beaucoup d’émotion face à cette œuvre car j’ai eu la chance de gravir chacune de ces montagnes. Après de longues heures d’effort, je me souviens de la joie qui m’a envahi lorsque j’ai atteint le sommet du Cervin. Dans un dernier souffle, j’ai touché la croix fixée sur sa crête, remerciant le ciel de m’avoir permis de vivre ce moment unique. J’ai ensuite traversé son arête sommitale, fier de chacun de mes pas et admirant l’étourdissante beauté du panorama qui s’offrait à moi. Paroxysme du bonheur. Ne faire qu’un avec la nature, pure et sauvage, et réaliser en même temps à quel point l’homme est insignifiant face à la puissance des éléments.
Ce chef-d’œuvre photographique, hors du temps et hors du monde, met en valeur l’immensité et la grandeur des Alpes. Transcrire la force de la montagne par la douceur des contrastes : voilà le défi que je m’étais lancé. Et la magie opère. Grandiose et envoûtante montagne qui fait vibrer mon âme. Ce jour-là, lorsque la tempête s’en est allée vers d’autres horizons, les nuages ont recouvert les vallées, apportant une profondeur extraordinaire à l’œuvre. La photographie devient une ode au voyage parmi les plus beaux sommets des Alpes. Du haut du Cervin, le regard navigue au cœur de la couronne impériale pour accoster dans les Alpes bernoises. L’œuvre paraît issue d’un monde où les hommes n’existent pas. Seule la croix du Cervin trahit le passage de l’être humain dans cet univers féérique, à la frontière entre la terre et le ciel.