Nous sommes en 2017, au matin. Le silence des Alpes valaisannes est rompu par un souffle discret : celui du vent qui caresse les arêtes fraichement enneigées. Face à moi, le Strahlhorn et l’Adlerhorn s’élèvent entre les vallées de Zermatt et de Saas-Fee. Les pentes, encore marquées par la tempête de la nuit, scintillent sous une lumière tamisée qui filtre à travers les nuages.

J’observe la scène, fasciné. Les reliefs, modelés par les 40 à 60 centimètres de neige tombés pendant la nuit, prennent des allures de sculpture éphémère. Le glacier, d’un blanc pur, dissimule ses crevasses sous une couche de neige. La lumière souligne la courbe des arêtes, la verticalité des flancs, et cette impression de grandeur que seule la haute montagne peut offrir.

Puis, un mouvement attire mon attention. Sur la pente, une cordée progresse, minuscule face à l’immensité. Les alpinistes avancent lentement, creusant une trace profonde dans la neige fraîche. Chaque pas les rapproche de la cime. Leur détermination est palpable à travers ce froid mordant.

Ce matin-là, j'avais l'impression de partager avec les alpinistes un moment exceptionnel. Eux, en prise directe avec la montagne, moi, témoin privilégié derrière mon objectif. Ensemble, nous assistons à la même scène : celle d’un paysage façonné par la tempête et sublimé par le retour de la lumière.

Cette photographie en noir et blanc est un hommage aux instants où la nature et l’homme se rencontrent, chacun dans son rôle. Le Strahlhorn et l’Adlerhorn, ce matin-là, étaient bien plus que des sommets : ils étaient le théâtre d’un voyage dans l'au-delà.