Les vents balaient les hauteurs et le Castor s’embrase dans leur fureur. À 4 223 mètres d’altitude, ce sommet des Alpes suisses se dresse, farouche et puissant. Il est le frère jumeau du Pollux. Mais sur cette photographie en noir et blanc, j'ai décidé de rendre hommage uniquement au Castor.

Ce matin-là, le vent d'hiver soufflait sans retenue. Le sommet disparaissait par instants dans un tourbillon de neige, puis réapparaissait, plus éclatant encore. Le glacier, fouetté par le vent, projetait des volutes lumineuses qui s’élevaient dans l’air froid comme des flammes éphémères. Ombres et clartés se disputaient la face, sculptant un tableau mouvant et fragile.

En réalisant ce portrait vertical du Castor, j’ai voulu saisir l’intensité de cet instant. La montagne n’était plus immobile, figée dans sa majesté ; elle vibrait sous l’assaut du vent. Ses pentes se couvraient d’ombres mouvantes, ses arêtes scintillaient sous des éclats soudains, et dans cette tension se révélait la magie des cimes.

Photographier le Castor, c’est figer l’éphémère. C'est capter ce moment où la montagne, insaisissable, nous rappelle qu’elle n’appartient à personne. Elle se donne puis se retire, laissant derrière elle une empreinte de beauté, brute et indomptable.