Dans les Alpes bernoises, au lendemain d’une tempête, le Gspaltenhorn surgit tel un bastion figé dans la neige. À 3 436 mètres d’altitude, il domine le ciel, entièrement plâtré, drapé d’un voile immaculé qui sublime ses lignes abruptes. La lumière caresse ses arêtes, les brumes s’élèvent encore de la vallée, et la montagne renaît, purifiée par les vents et la neige.

Situé à l’est du Blüemlisalp, le Gspaltenhorn possède une aura singulière. Sa face se dresse comme une muraille, impressionnante et presque imprenable. Pourtant, une voie élégante permet d’atteindre son sommet : une course d’arête magnifique et exigeante qui démarre à la Gspaltenhornhütte. De là, les alpinistes remontent vers le col du Bütlassesattel avant de s’élancer vers la cime. Mais le rocher, friable par endroits, rappelle sans cesse la fragilité de ces géants et l’humilité nécessaire pour les gravir.

Ce jour-là, la tempête avait transformé le Gspaltenhorn en une œuvre éphémère. La neige s’accrochait à chaque faille, soulignant les contours de ses bastions rocheux. Les nuages, encore présents, se mêlaient aux flancs de la montagne, créant une atmosphère dramatique, presque mystique. Photographier un tel moment, c’est témoigner de la puissance des éléments et de la majesté d’un sommet qui ne se révèle sous sa plus belle allure que quelques jours par an.

Le Gspaltenhorn, par sa verticalité et son allure farouche, incarne la montagne dans ce qu’elle a de plus authentique : beauté pure, danger latent et promesse d’aventure. Dans ce portrait en noir et blanc, il apparaît comme un colosse intemporel, figé entre ombre et lumière, gardien de l’Oberland bernois.